Raymond Queneau : Zazie dans le métro


Un grand Classique, d'une grandeur fraîcheur, d'espièglerie paru en 1959.
Zazie une enfant de douze ans, provinciale est confiée à son oncle Gabriel. Il doit être l'ange gardien de Zazie. Pendant son séjour à Paris elle a une obsession c'est le métro mais malheureusement il est en grêve. C 'est un roman d'initiation, Zazie est une Alice des temps modernes. Clin d'œil à Lewis Carroll en ce qui concerne le non sens. Référence à l'odyssée puisque la fillette fait un voyage épique à Paris, toutes les aventures qu'elle rencontre transformera l'enfant qu'elle est. Quand elle rentrera chez elle, elle aura vieilli, muri aussi.
Un régal en ce qui concerne l'écriture, le travail sur le langage est remarquable : les jeux de mots si cher à Queneau, le langage populaire, l'argot du paris qui a disparut, les calembours, les mots-valises . J'adore, toute la force du livre est là cela se traduit par un rendu dynamique.J'aime beaucoup le début, le regard de Zazie sur la vie, l'envie qu'elle a de dévoré la ville pendant que son oncle dort. La visite de la Tour Eiffel est un joli moment, les questions naïves qu'elle pose à Charles (l'ami de Gabriel et chauffeur de taxi).
Une lecture plaisante très agréable vive enjouée. De Raymond Queneau , j'ai lu en ce début d'année Exercice de Style. J'avais adoré quelle richesse sur le langage, c'est époustouflant. Et, à travers son univers c'est que l'on s'aperçoit de la pauvreté de l'écriture dans bien des romans contemporains et en particulier dans la production française. C'est un avis qui n'engage que moi bien sûr !
J'ai qu'une envie de continué de découvrir son univers merveilleux ;-)

Quelques extraits :
1 er p22/23 : le métier pour plus tard, l'avenir vu par Zazie
- Oui dit Zazie, je veux être institutrice. - Ce n'ai pas un mauvais métier, dit doucement Marceline. Y a la retraite.Elle ajouta ça automatiquement parce qu'elle connaissait bien la langue française. - Retraite mon cul, dit Zazie. Moi c'est pas pour la retraite que je veux être institutrice. - Non bien sûr, dit Gabrie, on s'endoute. - Alors c'est pourquoi ? demande Zazie. - Tu vas nous espliquer ça. - Tu trouverais pas tout seul, hein ? - Elle est quand même fortiche la jeunesse d'aujourd'hui dit Gabriel à Marceline. Et à Zazie : - Alors ? pourquoi que tu veux l'être institutrice ? - Pour faire chier les mômes, répondit Zazie.
2ème p86/87 : l'âge comment Zazie perçoit l'âge des grandes personnes
Quel âge que vous avez ?
- Quel âge tu me donnes ?
- Bin, vzêtes pas jeune : trente ans.
-Et quinze de mieux.
- Bin alors vzavez pas l'air trop vieux. Et tonton Gabriel ?
- Trente deux.
- Bin, lui, il paraît plus
- Lui dit pas surtout, ça le ferait pleurer. Gabriel le tonton de Zazie est hormosessuel signifie (p. 87), cela la travaille la petite ZazieQu’il se mette du parfum « Qu’est-ce que c’est au juste qu’une tante ? […] Une pédale ? une lope ? un pédé ? un hormosessuel ? Y a des nuances ? » (p. 131) de son oncle qui est danseur de charme au Mont de piété. C'est un roman qui pose la question de l'identité aussi, un roman riche en clin d'œil littéraire. Puis une fois le livre refermé le "mon cul" de Zazie et "Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire"dit le perroquet Laverdure, résonnent dans ma tête et je pense pour un moment !

Revue le film un régal magnifique de fraîcheur, d'inventions remarquables. Film très réussit c'est d'ailleurs devenu un classique du cinéma français. Mon avis sur ce film serait le même que pour le livre de Raymond Quenau. Un film avec beaucoup d'invention, d'imagination que l'on retrouve plus tellement dans le cinéma actuellement. Raymond Queneau est un grand dialoguiste comme Louis Malle est un grand réalisateur.
Zazie est jouée par Catherine Demongeot, drôle, attachante, elle a une bouille remplit de malice. Louis Malle a voulu traduire les jeux de langage, trouver l'équivalence par des l'images : ralenti, accéléré, jouer sur le visuel référence à la typographie, aux cartoons, les faux raccords etc.. .
Le grand photographe William Klein, (conseillé artistique) a l'habitude d'utiliser des courtes focales qui déforme les visages, l'importance de l'identité visuelle pour coller à l'univers de Raymond Queneau, le graphisme (le passage de la Tour Eiffel est un exemple remarquable), la typographie est très présent dans le film.
La grande force du film est selon moi dans le côté naturel ce film est un documentaire presque sur le Paris d'une époque début des années soixante. Mais tous les gags, les effets font aussi donne un aspect du film irréel.
Il est exact, voir naturel de faire un rapprochement entre ce film et l'univers de Tati : Mon oncle par exemple.
Ce qui me plait dans le livre et dans le film c'est le souffle de liberté , de ton, c'est prodigieux , je trouve !

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