James Matthew Barrie : Peter Pan





















- Je suis la jeunesse, je suis la joie, répondit Peter spontanément.

Je suis un oisillon tombé du nid.

Peter Pan"est le Mythe de l'éternelle jeunesse


L'histoire de la naissance de Peter Pan dans les jardins de Kensington. Il est l'ami des fées et des oiseaux. Peter Pan est un conte souvent pris au sérieux : "On prend communément Peter Pan pour un conte de fée superficie, sirupeux et d'une niaiserie insupportable, sans doute à cause du film de Walt Disney ou de quelque bêtifiante à souhait." Alison Lurie le souligne bien dans son essai "Ne dites pas aux grands" . Parce qu'il en est rien Peter Pan est un conte d'une richesse incroyable.



Mme Darling et son mari Georges sont les parents de Michael, John et de Wendy et leur nurse est la chienne Nana. Peter Pan est un conte remplit de féerie , Tinn- Tamm (Clochette chez Disney - Timkerbell dans la version originale) l'amie fée de Peter, la rivale de Wendy . "Tinn- Tamm et était vêtue d'une robe de feuilles ravissante au large décolleté carré qui mettait en valeur sa silhouette légèrement encline à l'embonpoint" Peter n'a pas de mère il est orphelin, il veut rester dans le monde de l'enfance ne pas grandir : "- Je ne veux pas devenir un homme ... jamais, dit-il avec passion. Je veux rester pour toujours un petit garçon et m'amuser. Alors, je me suis sauvé à Kensington Gardens et j'ai vécu longtemps avec les fées." Il est l'opposé de Wendy qui elle veut grandir à tout pris. Elle désir reproduire le schéma de sa propre mère. Il n'a pas envie d'être adulte, il veut et c'est plus fort que lui être un homme insouciant quoiqu'il arrive. Il déteste les mères, il les hait, Mrs Darling qui désire l'adopter pour qu'il grandisse mais lui ne le désir absolument pas, il n'en est pas question. La référence à Peter Pan (le syndrome) est présente chez les hommes immatures qui ne veulent pas prendre de responsabilité. Mr Darling par exemple, banquier raté, un homme puéril, il n'apprécie pas sa place social, elle ne lui convient pas. C'est un homme irresponsable contrairement à Nana la chienne, alors il prend la place de Nana dans la niche. Il est rien sans sa femme, sans elle, il est perdu.
Mais Peter Pan est aussi l'enfant qui ne peut pas grandir, car il n'est pas né , il est mort et il accompagne les enfants morts. C'est un être imaginaire, c'est notre ombre, une part de notre enfance enfouie. Puis un être qui vole n'est pas réel . L'expression avoir des ailes c'est se sentir léger et s'envoler c'est prendre son indépendance son envole dans la vie réelle. Pour en revenir à Peter Pan c'est un être irréel qui sort de l'imaginaire de son créateur tout comme dans la culture italienne Pinocchio.
Peter Pan va entraîner les enfants vers le Pays de Nulle Part, en route pour l'aventure et la rencontre avec le capitaine Crochet et la rencontre des pirates." Au milieu d'eux trônait le plus noir et le plus imposant joyau de ce sombre écrin, Jack Crochet ou - comme il l'écrivait lui-même - Ja. Crochet , le seul homme , disait-on, que craignit le Coq." La notion du temps tient sa place aussi, quelle idée de génie celle du crocodile ennemi du capitaine Crochet qui a avalé le réveil donc il fait tic-tac. J'adore Wendy, c'est la petite maman, elle joue à être la maman des enfants. J'aime sa sensibilité."L'histoire de Wendy" est un chapitre qui m'a fait sourire, car dans le cadre de me mon travail quand je lis un album aux enfants et j'ai du mal à obtenir le silence avant de commencer ma lecture. Et Wendy aussi, elle
demande le silence pour commencer à raconter une histoire. Et puis il y a aussi toujours un enfant qui pose la question existentielle du type : "- C'est quoi, des descendants ?" . Je trouve que de la part de Barrie c'est très magnifiquement bien vu ! J'aime beaucoup le chapitre "croyez-vous aux fées." concernant l'existence de Tinn-Tamm" - Y croyez-vous ? criat-t-il." (Peter Pan)"- Si vous y croyez, cria -t-il, frappez dans vos mains. Ne laissez pas mourrir Tinn-Tamm." Cet extrait montre le passage de l'enfance à l'âge adulte. Comme Mme Darling est mère et adulte elle ne croit plus à la naïveté de l'enfance, au monde merveilleux que procure l'enfance." Tout d'abord, Mme Darling ne comprit pas mais, après avoir fait un plongeon en arrière dans son enfance, elle se souvint d'un certain Peter Pan qui, disait-on, vivait avec les fées. D'étranges histoires circulaient à son sujet; on racontait, par exemple que lorsque des enfant mouraient il leur tenait compagnie pendant une partie du voyage pour éviter d'avoir trop peur. Elle avait cru alors à son existence mais, maintenant qu'elle était mariée et raisonnable elle doutait fort de sa réalité." Elle a perdu l'innocence. Une grande place est donnée à la maternité, au personnage de la mère, du baiser le rituel du soir. Dans le roman, tient sa place cette image très belle de l'ouverture de la fenêtre pour que Peter Pan puisse se glisser dans la nusery le soir.





Cette histoire d'ouverture de fenêtre me fait penser à Rilke- Balthus Lettres à un jeune peintre : "Il y a nombre d'années, j'ai connu au Caire un écrivain anglais, Mr Blackwood, qui dans un de ses romans, émit une assez gentille hypothèse ; il prétend là que toujours à minuit, il se fait une fente minuscule entre le jour qui finit et celui qui commence, et qu'une personne très adroite qui parviendrait à sy glisser sortirait du temps et se trouverait dans un royaume indépendant de tous les changements que nous subissons ; à cet endroit sont amassées toutes les choses que nous avons perdus ( Mitsou, par exemple ), les poupées cassées des enfants, etc; etc ..." Mitsou s'est le nom du chat de Balthus et qu'il a perdu, et ce fut la perte de l'enfance avec toute la cruauté que cela implique.

J'ai adoré lire ce conte d'une richesse incroyable difficile de choisir les passages, les plus significatifs. Il y a énormément de choses à dire sur ce conte, c'est difficile d'en faire le tour Lire Peter Pan c'est faire un merveilleux voyage hors temps ! Ce n'est pas tout à fait exact en lisant ce conte, des souvenirs très fort reviennent à la surface, jeux d'enfants, les nombreuses cabanes que j'ai pu construire avec mes cousines et cousins. Les balades enfants et le vent si fort avec cette impression de s'envoler. Mon Neverland à moi durant mon enfance ce fut l'île de Bréhat, souvenir d'enfance magique dans les années soixante-dix, lieu sauvage (l'île nord près du phare, pas de voiture, la nature, les odeurs à l'état brute). L'écriture de James Matthews Barrie est magique très agréable teintée d'humour juste ce qu'il faut , je l'ai lu dans la traduction d'Henri Robillot et les illustrations superbes sont de Jan Ormerod. Elles sont pertinentes et traduises bien selon moi l'univers de Peter Pan.

Barrie comme Lewis Carroll aimait la compagnie des enfants, et être complice avec eux. En tout cas, deux auteurs que l'ont rapproche, Peter Pan et Alice au pays des merveilles, deux magnifiques ouvrages, grand classique dédié à la jeunesse au monde de l'enfance.

En tout cas de l'Innocence, je pense aux Innocentines de René Obaldia " Avec soixante-dix poèmes dont chacun forme un tout , nous confie Obaldia, j'ai tenté de restituer l'univers magiques des enfants ; non point avec le regard plus ou moins faussé de l'adulte,mais en me situant au cœur du sujet, si je puis dire, dans le moment que la grâce se trouve encore merveilleusement vivante, où les problèmes posés par l'existence toute fraîche : relation avec les parents, la nature, la sexualité, la mort, etc ..." magnifique pas lu mais vu monté au théâtre il y a un certain temps des déjà, c'était que du bonheur !Les références en ce qui me concerne dans Peter Pan sont nombreuses, j'ai pensé à "Max et les Maximonstres" de Sendak, Peter, à Sa majesté des mouches, aussi bien sûr on pense aux conte d'Andersen. Mais aussi à un livre que j'ai lu il y un moment " Voyage au pays d'enfance" de Jean Paul Bourre (un livre qui n'a rien d'extraordinaire), mais dans lequel le monde de l'enfance, aller à la rencontre de sa propre enfance tient sa place.
C'est un livre sur l'enfance qui est en nous, de ce petit roman c'est de cela que j'en ai retenu et qui m'avait frappé.

© 2 illustration de Mabel Lucie Attwell (touchantes, tendre pour la quelles j'ai beaucoup d'affection)
© Alice B- Woodward : Le baiser tendre, doux et innocent de l 'enfant Wendy