Les enfants de la fôret

 

Adam et Thomas d'Aharon Appelfeld
Traduction Valérie Zenatti

Quand la mère d’Adam le conduit dans la forêt, elle promet de venir le chercher le soir même. « Aie confiance, tu connais la forêt et tout ce qu’elle contient », lui dit-elle. Mais comment avoir confiance alors que la guerre se déchaîne, que les rafles se succèdent dans le ghetto et que les enfants juifs sont pourchassés ? 
La guerre  est présente. Les rafles se succèdent. Deux enfants se retrouvent seuls dans la forêt . Ils se construisent un nid en haut d'un arbre pour se cacher. Ils  se nourrissent de fruits et des sandwichs que leurs mères leur ont donnés.  Mais elles ne reviennent pas. Les enfants  survivent  jour après jour, grâce à ce qu'ils trouvent dans la forêt mais aussi une enfant chétive Mina, courageuse leurs apporte de quoi manger. Adam est un fils de la campagne, il est agile, habile de ses mains contrairement à Thomas. Il  est un enfant de la ville, myope. Thomas et Adam sont deux enfants extrêmement courageux, ils savent surmonter leur peur. Adam retrouve Thomas, un garçon de sa classe que sa mère est également venue cacher là. Les deux gamins sont différents et complémentaires : Adam sait grimper aux arbres et se repère dans la forêt comme s’il y était né. Thomas est réfléchi et craintif. À la nuit tombée, les mères ne sont pas revenues. Les enfants s’organisent et construisent un nid dans un arbre. Ils ignorent encore qu’ils passeront de longs mois ainsi, affrontant la faim, la pluie, la neige et le vent, sans oublier les questions essentielles : qu’est-ce que le courage ? Comment parlent les animaux ? D’où vient la haine ? À quoi sert l’amour ?
Aharon Appelfeld s'est inspiré de son histoire personnelle. Il a bien connu la vie dans la forêt durant la guerre. Il a connu aussi la peur, la faim, l'amitié, le courage comme Adam et Thomas. Le style de ce roman dédié à la jeunesse  a la beauté d'un conte classique, la forêt : le merveilleux et la peur se côtoient.  



"Quand on arrive dans les bois, on perd la notion du temps : on n'en a pas besoin." Michel ©Getty - H. Armstrong Roberts

Histoire est incroyable, elle ressemble à celle de l'enfant sauvage  et à celle de Aharon Appelfeld durant la seconde guerre mondiale. Mais celle se situe au XXième siècle, à la fin des années 40. Elle pose de nombreuses questions. 


Michel de Robert est né en région parisienne, d’une mère journaliste qui consacre toute sa vie à son métier, "c’est une femme très libre, donc on se retrouve très souvent seuls". Michel a un frère, Patrice, avec qui il va vivre quelques années de liberté en pleine nature.

"Personne ne vient nous chercher"

L’histoire commence en 1949, et à l’époque Michel a quatre ans. Sa mère le dépose, avec son frère aîné, dans un home d’enfants, à Châtelaillon, pour les vacances. Mais à la fin du séjour, personne ne vient chercher les deux enfants. Le couple qui tient la pension les héberge, "ils se disent : bon, on va les garder, probablement que quelqu’un va venir les chercher", "mais le temps passe, huit jours, dix jours, quinze jours, un mois, deux, trois mois : on est toujours là". Personne ne réussit à joindre la mère et le séjour des deux garçons s’éternise.

Jusqu’au jour où Patrice découvre le corps de l’homme qui tenait la pension, "il trouve le monsieur pendu", "il est pris de panique, il tire une table et avec un tranchoir, il essaye de couper la corde, mais le poids de cet homme fait qu’il tombe", "par terre, il y a une mare de sang", "dès qu’il voit cette mare de sang, il se dit : mon Dieu qu’est-ce que j’ai fait ?". Apeuré, Patrice prend la fuite, et entraîne son frère avec lui, "on se cache dans un bois", "c’est un bois inextricable, toutes les branches sont par terre, les arbres sont enchevêtrés".

"Le bois va devenir notre maison"

Très vite, Patrice et Michel s’adaptent à ce nouvel environnement, "on va tout de suite ne pas avoir peur, se sentir dans le bois, connaître tout l'environnement qui est autour de nous", "le bois va devenir notre maison", "et puis on va très vite chaparder", "ensuite, on trouve la casse automobile, ça devient une mine d'or : Patrice y va la nuit, il me ramène de l'acier, des morceaux de fer, des fils de cuivre, des pièces métalliques, les tissus des sièges". Les deux garçons apprennent à s’alimenter, en chassant et en cueillant eux-mêmes ce dont ils ont besoin, "on mangeait plutôt des escargots, des limaces, voire pas mal de végétaux", "on avait fabriqué une fronde pour tuer des lapins". Dans la campagne environnante, ils se procurent aussi quelques victuailles, "on volait un chou, une pomme de terre, des carottes, des poulets, des œufs".

Au gré des rencontres, les deux frères quittent parfois leur bois. Dans un port, ils font la connaissance d'un ostréiculteur qui décide de les aider, "il comprend tout de suite qu'on est des gosses, sans rien, perdus", "on fait des petits boulots, et contre ces petits boulots, il nous donne une miche de pain, un morceau de viande, des fruits", "on sent quelqu’un qui nous aime, et ça, c'est extraordinaire". Mais l’aventure prend fin quand la grand-mère des deux garçons entend parler "de deux mômes en haillons, les cheveux longs, sales, pas loin des Boucholeurs". Sept ans plus tard, la mère vient chercher ses enfants. Par la suite, elle décidera de les placer chez un précepteur puis en pension.

Depuis, Michel a perdu son frère Patrice, qui n’a jamais réussi à accepter le retour à la vie normale, "Patrice a trouvé que la société était dure et rude par rapport au bonheur et à la légèreté de l'enfance que l'on avait connu", "il m'a dit, je n'ai pas envie de vivre, on a trop souffert, c'était trop dur", "mon frère s’est suicidé en 1993".

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